top of page

NPOW - Tournoi Worlds 2016

 

Ecrit par Thibault

NPOW - Tournoi Worlds 2016

 

Ecrit par Thibault

Tournoi des Worlds de Charleroi -  27 et 28 août 2016

 

 

Il était temps ! Un moment sans tournoi. Un trop long moment. NPOW, je m'y suis mis il y a un peu plus d'un an. Je n'avais plus joué aux figurines depuis longtemps, ayant passé les derniers mois à m'éclater avec les potes sur des jeux de plateaux. Toutefois, je ne pouvais pas louper cette occasion; un tournoi sur la seule règle que je pratique encore un peu, et en plus pas trop loin. Des potes faisaient aussi le déplacement, c'était l'occasion... Et j'ai durement fait trimer le père, qui m'a peint un petit corps saxon. Je développerais dans un autre article cette armée saxonne au niveau historique, ludique et avec des photos détaillées.

Quoiqu'il en soit, j'avais donc l'opportunité, pour la première fois depuis novembre 2015, de refaire un tournoi.

Celui-ci se déroulait en Belgique à Charleroi, organisé par nos amis des Compagnies d'Ordonnance, un club de potes belges qui nous accueille souvent en mars pour leur propre tournoi... Mais ce coup-ci, ils organisaient les Worlds.

Qu'est ce que c'est?

Les Worlds sont les "championnats du monde" du jeu de figurines. Etaient représentées quatre règles; Field of Glory (Antique/Médiévale), Art de la Guerre (Antique/Médiévale également), Star Wars X-Wing et enfin, NPOW. Il y avait une demie-douzaine de revendeurs présents, une sacrée logistique, et environ 80 joueurs je dirais sur le week end. J'y allais avec mes copains de club, avec qui j'avais révisé les règles sur deux parties les week-end précédents. Pour NPOW, c'était notre ami lyonnais Christian Cote qui organisait. Nous étions 8 joueurs, dont plusieurs nerviens mais 3 sudistes, ce qui n'est pas si mal vue la période du tournoi et les désistements de dernière minute.

Pour ce tournoi, j'alignais deux armées: 

La première est une armée saxonne, le corps de Reynier (ironie de l'histoire) en 1812, pour la campagne de Russie. L'armée bénéficie de quelques troupes de qualité; grenadiers et infanterie légère, d'une artillerie dans la moyenne, d'une infanterie équilibrée car bénéficiant du canon de bataillon (bonus de puissance de feu) et d'une capacité offensive (colonne d'attaque). La cavalerie quant à elle, est très bonne, avec potentiellement de la cavalerie lourde et légère, toutes deux d'excellente qualité et en sus, très diversifiée. Le Comte Reynier dispose de 3 batteries d'artillerie dont 1 à cheval, de 2 régiments de cavalerie, et de 6 régiments d'infanterie. Avec ces unités puissantes et mobiles, l'attaque et privilégiée, même si je manque de troupes d'élite. 

La seconde armée est britannique. Il s'agit du corps du Prince d'Orange aux Quatre-Bras en 1815, peu avant Waterloo. L'armée est un vrai couteau suisse; elle dispose d'un peu de cavalerie, d'une artillerie correcte mais surtout, d'unités d'infanteries belges et hollandaises, calquées sur le modèle français donc offensives mais plus fragiles, ou d'unités anglaises, lourdes et très bonnes au tir, mais uniquement capable de se battre en lignes de feu. L'armée n'a pas de général en chef et dispose de 3 batteries à pied, de 8 régiments d'infanterie dont une partie de miliciens de moindre qualité, une partie de troupes d'élite de la garde, des troupes de ligne anglaises, et une unité belge. L'armée est plus taillée pour la défense.

  1. Premier Round: Saxons de Reynier en 1812 (moi) contre Russes 1812 (Didier R.).

Cette première partie commence fort. Je vais jouer Didier, un ami des Nerviens contre qui j'ai l'habitude de disputer mes quelques parties NPOW. C'est un excellent joueur, réputé pour son travail formidable en défense dans tous les jeux, pour la qualité de ses figurines, et aussi, pour sa connaissance de la règle. Didier est un grognard. Mais comme c'est auprès de lui que j'ai appris NPOW, j'ai toutes mes chances.

Sueur froide quand il m'annonce sa liste. Les russes 1812 qu'il joue sont remplis de troupes de qualité, peu chères mais solides; de l'infanterie légère nombreuse, un peu de cavalerie légère, et j'ai déjà fait l'amère expérience de l'artillerie russe. Les choses vont être compliquées. Un lac sépare le champ de bataille en deux. Didier s'appuie sur une colline face au lac, et déploie le reste de ses troupes dans la plaine sur ma gauche. Je déploie Lecoq et Reynier au centre, dans le but d'agresser le centre russe et de remonter en direction d'une colline qu'il va sans doute défendre avec fermeté. Je ruse en envoyant ma division de cavalerie lourde sur le flanc droit, seule et isolée de l'armée par le lac. Didier pensera sans doute à un leurre, et la manoeuvre me permettra de charger la colline, avec l'infanterie si tout se goupille bien, pour l'emporter avec la ligne de ravitaillement russe juste derrière. 

La bataille commence dans la brume du petit matin. Au loin, les tambours et cuivres de l'armée russe résonnent, les colonnes du Tsar s'avancent fanfare en tête. Reynier est décidé; il va attaquer avec tout ce qu'il a. Pour l'Empereur. 

La cavalerie s'avance à toute vitesse. 

La division Von Thielmann prend position. La colline est lourdement défendue; toute une division russe la tient. Quatre régiments de Jaeger, et une batterie d'artillerie lourde. La batterie légère à cheval des saxons prend position en contrebas et commence à arroser les carrés russes à mitraille, mais l'artillerie ennemie réplique. Des russes s'effondrent sous les décharges, mais les servants saxons endurent des pertes. Les cuirassiers se préparent à la charge, derrière le général à droite. Mais ce sont les Gardes du Corps, cavaliers de la Garde saxonne, qui se préparent au fond à charger les premiers. Problème. Les russes sont très nombreux, à deux unités contre une saxonne, des unités solides, en contrepente, déjà formées en carré. Pis encore, la colline est difficile; la rocaille qui jonche ses pentes va rendre pénible l'ascension pour les chevaux et va les ralentir tout en désorganisant la ligne. Les canons tonnent. Les chevaux piaffent d'impatience. Le clairon sonne, la charge s'ébranle. Les gardes, suivis des cuirassiers, chargent les carrés. Ils montent la pente. 

Un major russe crie aux hommes de s'apprêter. Les mousquets sont alignés, brandis en rangs serrés. L'ordre est craché. Les coups de feu illuminent la ligne de grête de décharges qui font hennir les chevaux et crier les hommes. Les gardes continuent leur charge. Certains s'accrochent en hurlant au carré, sabrant ceux qu'ils peuvent, essayant de forcer ses côtés, d'autres tournoient, cherchant la faille. Les coups de feu claquent. Les cavaliers tombent. Les canons tonnent et les cavaliers se reforment, et chargent. 

La division Lecoq rencontre l'ennemi et il est présent en masse. Une grande division de quatre régiments de Jaegers et Mousquetaires russes se dévoile, soutenue par la cavalerie, des hussards en haut à droite, près de la colline russe. La division Lecoq, moins un régiment tenu en réserve, se prépare à recevoir la charge des troupes ennemies, formées en colonnes d'attaque. Les régiments saxons sont moins nombreux, moins grands aussi. Ils se forment en ligne. Déploient une énorme ligne de feu, mince mais prête à recevoir la charge. Au lancement de celle-ci, le régiment d'infanterie légère du Roi, à gauche, est déjà ébranlé par les boulets russes. Les choses s'annoncent mal. 

Les russes se lancent en hurlant leurs cris de guerre, leurs "Hurra!". Les hussards se joignent à eux. Les saxons paniquent sur toute la ligne. Tous les régiments, du léger au Prinz Clemenz, passent ébranlés par la perspective d'être chargés. Des hommes abandonnent leur poste sur la ligne et refluent. Les autres serrent les rangs. Les ordres sont criés en allemand par le général Lecoq, qui parcourt la ligne, encourageant ses hommes. Le premier rang met un genoux à terre. Chaque homme aligne sa cible dans la marée verte, hurlant en brandissant les baîonnettes. Le feu tonne comme le tonnerre, et des dizaines de russes s'écroulent, foudroyés. Les tsaristes sont désorganisés, un régiment sera arrêté en pleine charge, les hussards endureront de lourdes pertes. Un terrible corps à corps s'entame. Le régiment Prinz Friedrich, au centre, et percé par la charge de deux régiments ennemis, endurant de lourdes pertes. Ses hommes refluent dans le plus grand désordre. Le régiment Clemenz à droite, tient bon et repousse l'ennemi à grand renforts de salves meurtrières. A gauche, les chasseurs tiennent bon malgré les pertes et défendent la ligne. 

Reynier a vu le danger. Il va aider Lecoq. Sa batterie de réserve va renforcer le bombardement de la colline, où s'escriment déjà cuirassiers et gardes. Ses grenadiers de réserve, la Garde du Roi, se forme en colonnes. Les grenadiers marchent, droits et fiers, alors que le tambour marque le pas cadencé. La charge à la baïonnette est décidée, alors qu'un régiment au centre de la ligne de Lecoq a fui dans le désordre. Les grenadiers chargent dans une grande clameur pour renforcer la ligne; ils percutent violemment un régiment de mousquetaire, dont les premiers rangs sont hachés menus par les vétérans du Roi. Les russes refulent à leur tour, endurant de lourdes pertes, alors que chasseurs et fusiliers saxons tiennent les flancs comme ils peuvent. Les hussards russes, dont la charge a avorté, sont étrillés par la mitraille et les boulets d'une douzaine de batteries saxonnes, qui écharpent leurs rangs. La fusillade provoquée par le régiment Prinz Clemenz achève les hussards, qui perdent des centaines des leurs. Les rares survivants partent en déroute, alors que les chasseurs saxons cèdent. La voie de la colline est cependant ouverte, car le carnage provoqué par les grenadiers saxons est tel que deux régiments russes sont sérieusement amochés par les féroces grenadiers, qui n'endurent que très peu de pertes. Ils poursuivent l'ennemi jusqu'à la colline, la baïonnette dans les reins alors que Lecoq reforme ses régiments pour renforcer la cavalerie. 

Thielmann continue ses charges inefficaces contre les carrés russes. Les cuirassiers de Zastrow percutent violemment un carré et en sabrent plusieurs dizaines d'hommes, mais la mitraille, les balles et les boulets clairsèment leurs rangs. Le régiment subira plus de 50% de pertes avant de refluer en désordre. Plus de dix charges, les gardes se reforment, percutent, tournoient, ils s'élancent, encore et encore, sans parvenir à entamer sérieusement les carrés russes, pourtant harrassés de projectiles par la batterie légère, qui perd elle aussi des hommes à courte distance face aux canons et fantassins russes. Les cavaliers saxons s'échinent, en vain, pour défaire la division russe, à moins de deux contre un, dans un terrain qui blesse les chevaux et désorganise les manoeuvres. Les russes tiennent bon malgré leurs pertes; le carré visé laissera sur ses rangs extérieurs des dizaines et des dizaines de blessés et de tués, mais les troupes tiendront quoiqu'il en coûte. 

La division Lecoq arrivera trop tard; nous sommes au tour 8 et l'infanterie échoue au pied de l'objectif ennemi. Une batterie légère a été perdue, ainsi que les cuirassiers et le régiment de chasseurs. Les russes endurent eux aussi de lourdes pertes; l'intégralité de leur cavalerie et de nombreux fantassins. Un tour de plus, et je pouvais contester la colline. Un tour trop loin; les saxons auront bien tenu, mais misère! Nos objectifs ne sont pas tous pris, mais l'ennemi prend tous les siens !

Les saxons comme les russes perdent un peu moins de 40% de pertes, ce qui témoigne de la brutalité de la bataille. Les russes perdent un peu moins en proportion, mais comme ils sont beaucoup plus nombreux, leurs pertes étaient légèrement supérieures. Il n'en reste pas moins que Didier prend ses objectifs.

Je perds cette première partie 53 à 105, soit 2 à 8.

2. Deuxième Round : Saxons de Reynier en 1812 (moi) contre Autrichiens de Jean en 1809 (Laurent et Quentin Rousseau)

 

 

La partie du matin s'est donc soldée par un premier échec. C'est ballot. 

Voici que sous la chaleur accablante de ce mois d'août caniculaire, je vais jouer contre un adversaire aussi aviné que moi. J'ai nommé Laurent Rousseau, et son fils Quentin. Deux super potes que je connais depuis bien longtemps, du même club que moi. Tous deux débutent sur la règle, mais ils en ont vite compris les mécanimes. Ils alignent une armée autrichienne classique de 1809; une infanterie nombreuse, jouissant du même bonus de tir que moi, quelques batteries, et un régiment de cavalerie légère. Leur force est l'infanterie, nombreuse et de qualité, bien que moins solide que celle des russes affrontés ce matin. 

Le champ de bataille est séparé en deux par une grande forêt. Je tiens un village de mon côté, mais décide de l'abandonner très tôt. le flanc de l'ennemi face à ce côté droit de la plaine, est défendu par une colline et un autre village. Une position solide, qui poussera l'ennemi à la défendre, mais pas forcément avec toutes ses troupes. Je compte donc lui sauter à la gorge dans l'endroit le moins évident. Je regroupe toute mon armée, soit trois divisions, face à deux adverses. Mon leurre attirera une troisième division ennemie vers le flanc gauche, où il n'y aura pas de bataille. 

L'armée se dévoile. Cachée par le brouillard de guerre, la bande bleue en bas à gauche, la cavalerie de Thielmann se tient prête, alors que les divisions de Reynier et de Von Lecoq avancent à droite. Les colonnes avancent vite alors que l'on distingue deux unités autrichiennes, une dans la plaine et l'autre derrière la colline. Je sens que je vais arriver juste après leur mise en place, mais il n'empêche que pour ce début de partie, j'ai la supériorité numérique. Toutefois, Reynier a du mal à coordonner son action. Alors que Lecoq va déployer ses régiments en ligne de part et d'autres de ses canons qui vont commencer à arroser la colline, Reynier se présente en colonne devant la division de l'Archiduc Jean; une batterie à cheval et un régiment de chevaux-légers autrichiens. Les cavaliers ennemis se ruent en avant en colonne. Ils seront arrêtés in extremis par le Régiment König, tandis que les grenadiers de la garde contre-attaqueront de flanc les cavaliers et les captureront, les empêchant de s'enfuir. Ce fait d'armes masque alors de difficiles préparatifs contre la colline; les boulets et les balles pleuvent sur les fantassins de Lecoq et les cavaliers de Thielmann. Toutefois, la présence de la grosse cavalerie saxonne encourage les autrichiens à se déployer en carrés, ce qui leur évite de se faire échapper par mes deux régiments de cavaliers d'élite, mais qui les rend plus vulnérables au feu de mes canons et aux assauts de mon infanterie en rangs serrés. 

Mes manoeuvres poussent l'ennemi à quitter sa formation, il va se reformer en colonnes pour contre-attaquer mes régiments d'infanterie qui cherchent à l'envelopper. Les chasseurs en tenue verte, seront repoussés. Mais cela laisse le champ libre pour les gardes...

Les autrichiens sont pris en défaut. Les Gardes chargent et se ruent en rangs serrés contre un régiment de ligne allemand, qui pris de flanc, est prestement sabré. Les cavaliers perforent ses rangs, enfoncent ses bataillons. Les fantassins sont piétinés et sabrés, leur drapeau est pris par les cavaliers, qui ne subissent que des pertes anecdotiques. La colline derrière, sera prise, car à droite on aperçoit le régiment Von Clemenz qui vient de recevoir la reddition des survivants d'un autre régiment allemand qui, pris en carré, est enfoncé à la baïonnette par les saxons. Les fusiliers en blanc gravissent la colline, mais les fantassins ennemis et leur sacrifice ont gagné suffisamment de temps pour que les survivants des canons autrichiens s'enfuient de la place menacée. 

Position des troupes saxonnes alors que les restants de deux divisions autrichiennes viennent de se rendre. A gauche, le Régiment Prinz Anton vient d'enfoncer un carré ennemi. Au centre, les cuirassiers saxons de Zastrow ont chargé de face un régiment de grenadiers ennemis en ligne, qui vient de disparaître, achevé par la charge dans le dos du Régiment Prinz Friedrich. Reynier constate la victoire qui lui tend les bras depuis la droite, alors que les grenadiers saxons dans le fond, vont prendre le village désormais sans défense. Si l'infanterie saxonne ne subit que de très faibles pertes au regard des quatre régiments ennemis détruits et d'une batterie prise, les cuirassiers ont eux eu près de 50% de pertes en une seule phase; toute la ligne des carrés ennemis et une batterie ont fait subir un feu d'enfer au régiment, qui perd des dizaines de montures et de cavaliers. Mais ce sacrifice a permis aux fantassins de violemment percuter les autrichiens et de les mettre en déroute. La victoire tend les bras. Attaque générale, pour l'Empereur! 

La dernière division autrichienne est entretemps revenue sur le théâtre des opérations, après avoir poursuivi une division fantôme de Reynier, un leurre bien placé. Le régiment de chasseurs au dessus est pris de flanc, car il n'a pas su se reformer et faire face à l'ennemi à temps alors qu'il avait été repoussé de l'assaut initial sur la colline. La batterie à cheval de Thielmann va copieusement arroser les rangs autrichiens à mitraille, avant que la division Thielmann, cuirassiers et gardes, chargera ces renforts pour empêcher l'ennemi de revenir dans la bataille. Lecoq suit derrière avec ses fantassins. Le soleil se couche, toutefois, et les cavaliers saxons prélèvent encore quelques hommes à l'ennemi au sabre, avant que les armées ne se séparent.

C'est une victoire totale. J'ai tous mes objectifs et n'en ai perdu aucun en cours de route. Les autrichiens en marquent un aussi, une colline que la dernière division ennemie a pris tranquillement. Le niveau de pertes est toutefois important. Chez les saxons, les cuirassiers ont subi de lourdes pertes, les chasseurs ont été anéantis, et quelques régiments ont des pertes légères. Chez les autrichiens, quatre régiments d'infanterie, une batterie et un régiment de cavalerie ont été détruits, et deux autres régiments d'infanterie accusent des pertes. Les autrichiens perdent 60% de leurs effectifs de départ, contre 26% pour les saxons pourtant moins nombreux. 

C'est une victoire 124 à -8, soit 10 à 0. 

3. Troisième Round : Britanniques du Prince d'Orange en 1815 (moi) contre Français de Napoléon en 1805 (Philippe Conca)

 

 

Le premier jour de tournoi s'est achevé sur une bonne touche. Une défaite franche, mais une victoire plus encore décisive, qui me conforte dans mon idée sur cette armée saxonne. Fragile avec peu de troupes d'élite, avec peu d'unités, mais terriblement polyvalente, et lorsqu'elle est bien déployée, avec un terrible punch. 

Vient le dimanche matin et la troisième partie, où je vais jouer des anglais de la campagne de Belgique en 1815, soit presque la meilleure des armées coalisées des guerres napoléoniennes (elle s'illustrera à Waterloo deux jours plus tard), tandis qu'en face, j'affronterais Philippe Conca et le corps d'Oudinot à Austerlitz, troupes d'élite de la Grande Armée menées par Napoléon en personne. Gros challenge des deux côtés...

Je décide de refuser la bataille sur le flanc droit. D'attirer l'élite ennemie sur mon flanc pour l'encadrer avec de solides lignes de feu toutes britanniques, pendant que mes unités d'élite, Guards et autres, avanceront sous le commandement de Lord Cooke droit sur la ligne de communication adverse, derrière un village fortifié, face à moi. Le déploiement nous montrera très vite que nous avons choisi tous deux des options différentes; les français voulaient déborder ma ligne à l'endroit où je la refuse, tandis que rien ne s'opposera à mon attaque. Je suis donc en bonne position initiale, mais il faut à tout prix que la division Cooke revienne rapidement dans la bataille pour peser, ou alors les nombreux régiments français, soutenus par une artillerie lourde et des dragons, ne m'enveloppent et me détruisent. 

La division Picton et ses célèbres écossais, tient ma propre ligne de communication; c'est par là qu'il faudra s'enfuir sur la bataille est perdue, c'est par là que transitent les blessés, les renforts, les munitions, le ravitaillement. Les français l'ont bien vu et courent sus. Une unité de cavalerie, des dragons, vient menacer le flanc, alors que le village central est attaqué par plusieurs régiments de grenadiers. La canonnade commence en ma faveur; un tir chanceux de ma batterie touche un caisson français, qui fait partir en fumée une partie de la batterie ennemie, faisant fuir les survivants. Une menace de moins. Mais les français, menés par de nombreux points accumulés par Nabot-naparte en personne, avancent vite, très vite. Ils restent en ligne pour ne pas trop s'exposer aux tirs britanniques. La division Alten débouchera par la gauche, pour menacer le flanc de l'attaque impériale.

Malgré la distance avec les autres divisions, Cooke, improvisé général en chef de l'armée, poursuit son avance. Il compte sur les deux autres divisions pour retenir la Furia Francese, et marche droit devant. Il sera un temps ralenti par des barricades dans le village, mais celui-ci sera pris, tout comme la ligne de communication des français. Aussitôt ce mouvement effectué, la division marche dans la plaine qu'elle a dépassée pour se rapprocher du son du canon. Les français attaquent tout azimut, mais peinent à se déployer. 

Trop tard pour l'Empereur. Ses unités attaquent la ligne britannique, mais Alten et Cooke sont déjà là pour soutenir Picton. Les britanniques étrillent les rangs des grenadiers français et les repoussent au mousquet; les salves successives couchent l'ennemi et le repoussent vers le village, où se trouvent les caissons et réserves ennemies. On aperçoit un régiment belge prendre le village à revers en colonne pour couper l'ennemi de ses arrières, alors que les lignes anglaises et belges avancent droit sur l'ennemi, tirent, et avancent encore. Les pertes sont peu importantes, sauf chez les hommes du Nassau, en vert au centre gauche, qui essuient la mitraille de l'artillerie lourde française, et le feu des grenadiers. Au sud, Picton est en souffrance; ses régiments engagent un feu à bout portant et un corps à corps très féroce avec les français. Dans l'épée nuage de fumée qui s'ensuit, difficile de savoir ce qu'il se passe. Les français perdent un régiment de tirailleurs, mais leurs grenadiers repoussent un régiment écossais et s'assurent, le dernier tour de la ligne de communication. 

Toutefois, c'est trop tard. Le corps d'élite de Napoléon est encerclé, et en très fâcheuse posture alors que les pertes britanniques sont encore légères. Plusieurs régiment ou batteries des français ont été perdus, tous les autres sont endommagés et épuisés. Napoléon en personne se trouve dans la nasse. Les britanniques perdent 16% de leurs effectifs, principalement de la division Picton. Les français quant à eux, accusent plus de 30% de pertes. J'ai pris tous mes objectifs, et repris un village aux français, qui bénéficient malgré tout du bonus de ma propre ligne de communication, qui leur apporte plus de points que la leur ne me donne, question d'initiative de l'armée.

C'est toutefois une victoire 109 à 55, soit 8 à 2.

4. Quatrième Round : Britanniques du Prince d'Orange en 1815 (moi) contre Français de Ney en 1815 (Didier Rohas)

 

 

Il n'y a pas de destin, mais ce que nous faisons. Citation extrêmement sérieuse tirée de... Terminator. 

Il n'empêche qu'elle est valable. J'ai remonté la pente du classement en deuxième et troisième partie. La première m'avait mis dans le baba, la seconde m'avait propulsé en hauteur, et la troisième avait confirmé une place dans la première moitié du classement. Reste qu'au goal average, je suis en finale. Et je retrouve mon premier adversaire, petit tournoi oblige, Didier. Nous inversons nos rôles d'hier; je joue anglais et lui français. Mieux, de la même époque. Et encore mieux, de la même bataille. Je joue les anglais qui se sont battus aux quatre-bras, contre ses français. 

Je rejoue sur la table de la veille, contre les Rousseau, avec une forêt centrale. Quelques terrains changent; la ligne de Didier est bien ancrée sur un village, ravancé sur le devant de la colline de la veille. Didier est embêté; il n'a que deux axes d'attaque possible. De mon côté, j'opte pour le plan de la veille; je masse tout à droite. Tout sauf la petite division Alten, qui partira de l'extrêmité du champ de bataille pour prendre le village à gauche de la ligne ennemie et menacer ses arrières. Je compte sur la qualité des anglais pour tenir les français à distance, et les repousser au feu pour que je conquiers les villages. 

La bataille va s'engager de manière classique. mes deux divisions Cooke et Picton, ci-dessus, s'avancent vers deux grosses divisions françaises. Seulement, problème. Les ordres français sont de s'arrêter sur place, tandis que les miens sont simplement de l'engager! Aucune attaque à outrance; j'ai pensé que l'ennemi la jouerait à la Furia Francese et viendrait m'assaillir, mais il me laisse cet honneur, préférant se retrancher! Je n'ai pas de troupes capables d'attaquer, les anglais sont bien meilleurs au tir qu'au corps-à-corps, qu'ils ne pratiquent que de manière défensive. Pire, une unité de cavalerie française va faire tout le tour du dispositif et va s'engouffrer derrière mes deux divisions ! Un régiment sera sabré et repoussé. Je change en panique mes ordres, bénéficiant de beaucoup de points. 

La peur se répand dans les lignes  anglaises avec ces maudits cavaliers français qui les attaquent dans le dos, alors que de face, tout le corps de Ney s'apprête à attaquer! Sauf que les français ont ordre de se retrancher... Ce qui me sauvera, car des unités de Cooke et de Picton, brutalement repoussées depuis l'arrière vers les lignes avant, j'étais diablement vulnérable à une attaque de l'infanterie sur mes unités désorganisées, en colonne, déjà entamées et ébranlées! Mais les français resteront l'arme au pied. Je parviendrais à bloquer la cavalerie ennemie mais même encerclée, fusillée et chargée jusqu'à trois côtés à la fois, les brillants hussards français tiendront résolument leur position ! A l'autre bout du champ de bataille, la division Alten prend un village non défendu par l'ennemi. Et tout ce temps perdu à jouer au chat et à la souris fera l'essentiel de la bataille...

Frustrante pour Didier, car avec des ordres plus offensifs, il m'aurait sans aucun doute anéanti. Frustrante pour moi, car je n'aurais plus de points au moment où je me fais sabrer, et je n'arrive pas ensuite à écraser les hussards français, même à quatre points de force contre un. 

La partie pour le coup, se joue uniquement aux objectifs, même si les britanniques, entre les terribles charges de hussards et les cannonades, perdront 22% de leurs effectifs, contre environ 15% pour les français. Mais grâce à Alten qui ne s'est même pas battu faute d'adversaire, je prends plus d'objectifs que Didier, ayant plus pris de terrain...

C'est donc une victoire à l'arrachée 107 à 95, soit 6 à 4.

Epilogue

 

Je termine donc ce tournoi sur trois victoires et une défaite. Je marque 26 points sur les 40 possibles. 

Trois constats:

- Pour les saxons, l'armée est délicate à jouer. Elle est tellement personnalisable avec quantité d'unités de cavaleries légères, lourdes, cuirassiers, uhlans, qu'il est difficile de choisir. Beaucoup de batteries disponibles. De l'infanterie polyvalente saxonne, mais aussi du plus costaud avec du polonais et surtout, du français. Possibilité de prendre plusieurs petites divisions... C'est intéressant, c'est flexible. Jouer ces ancêtres avec un général portant le même nom à une lettre près, était très rigolo et aussi très ludique. Ca correspondait parfaitement bien à mon tempérament de joueur agressif et attaquant; j'ai toujours joué mon va-tout en attaque. Ce qui peut aussi me jouer des tours dans des terrains difficiles... La combinaison d'une infanterie solide au tir couplée à deux unités de cavalerie, c'est intéressant. Car si l'ennemi ne se met pas en carré, je le sabre pendant mes charges.S 'il s'y met, c'est mon infanterie qui le percute. Avec trois batteries en soutien, c'est aussi appréciable... Le seul défaut finalement de cette liste, c'est qu'il me manque un régiment ! Peut être un peu moins de cavalerie?

- Pour les britanniques, même si j'ai pas mal changé ma liste, j'aime étonner mes adversaires avec l'absence de cavalerie, deux unités de Guards à 16pts de force, et un commandement malgré tout solide malgré l'absence d'état major. C'est vraiment du costaud, chez les anglais. Et pour avoir appris moi-même à les battre, je sais ce qu'il ne faut pas faire avec eux. De ce fait, je prends moins de risques. J'ai frôlé le désastre contre Didier en finale, mais la partie contre Philippe m'a étonné par ma manoeuvre; sans général en chef et sans cavalerie, j'emprisonne et encercle une armée française qui dispose d'un commandement bien meilleur que le mien avec napoléon en personne, mais aussi de nombreuses troupes d'élite! Il y a moyen de faire quelque chose des anglais, mais il faut travailler à étonner l'ennemi. Se contenter de rester en ligne et attendre ne suffit pas; foncez sur les côtés même sans cavalerie et l'ennemi et bien, ne saura pas par quel bout vous prendre.

- Comme d'habitude, je marque un poil plus de points avec mes coalisés qu'avec des français, mais mes plus grandes victoires sont invariablement côté impérial; je prends des risques avec des troupes manoeuvrantes, et soit ça passe et l'ennemi est écrasé, soit c'est moi qui m'y casse les dents. 

- La finale, bien que gagnée, ne me permet pas de prendre la première place. L'écart était si important qu'il me fallait un 9/1 pour revenir à égalité avec Didier, ou un 10/0 pour l'emporter. J'y arriverais un jour, promesse! Mais pas aujourd'hui...

Quoiqu'il en soit, un immense merci, dans le désordre:

- Aux organisateurs, Christian en tête, pour son arbitrage et ses vrais bonnes idées (comme le test des terrains hauts), sa disponibilité et sa patience, ça me fait du bien de venir m'amuser dans ce gerne de cadre, merci à toi !

- A mes aimables adversaires, avec qui j'ai passé un excellent moment, dans la défaite comme dans la victoire. C'est ça NPOW; aucune prise de tête, on se marre, on bouge du napo, et on s'amuse.

- Aux orgas au sens large, Hugo et toute l'équipe des Compagnies d'Ordonnance.

- A père bien sûr, qui m'a peint avec brio les saxons. Bientôt l'armée coalisée. Et les deux armées bien sûr, à terminer en 550pts. J'aimerais pas être à ta place, papa !

Voici le classement final :

1. Didier Rohas 32 pts (Français 1815 / Russes 1812)

2. Thibault Rénier 26 pts (Saxons 1812 / Anglais 1815)

3. Damien Gibert 23pts (Italiens 1812 / Suédos 1813)

4. Philippe Conca 22pts (Français 1805 / Anglais 1809)

5. Alain Bacqueville 20pts (Français 1813?/ Anglais 1815?)

6. Jean-Louis Héraut 19pts (Polonais 1812 / Autrichiens 1809?)

7. Laurent et Quentin Rousseau 11pts (Français 1809 / Autrichiens 1809)

8. Robert Tison 7pts (Français 1805 / Prussiens 1806)

bottom of page