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Le Challenge des Ambactes

Partie 2 - Philippe D

Ecrit par Thibault

SECOND MATCH : contre Philippe D et ses Syracusains

Mon premier match allait être compliqué, car fratricide.

Quelles listes pour s'affronter ?

Je joue pour le moment toujours ma liste de la fois précédente, qui m'a donné pas mal de bonnes choses sur les parties précédentes. Mobilité (restreinte) mais suffisante, fort impact au corps-à-corps, résilience générale. Je sais que je serais probablement moins nombreux que mon adversaire, qui a dans sa liste de départ un grand nombre de troupes différentes, mais souvent moins compétentes que mes légionnaires.

Mes trois corps alignent chacun:

- 4 légionnaires, de l'infanterie lourde très bien protégée (Armure) et meurtrière (Impact). Le général de chaque corps est inclus dans une des unités sous son commandement, lui donnant son bonus supplémentaire et passant l'unité "Elite" pour être encore plus résistante et efficace.

- Un petit parti de tirailleurs/auxiliaires, qui permettent de protéger les flancs des légionnaires et d'endommager autant que possible les lignes ennemies avant le choc.

- Un ou deux cavaliers pour maîtriser les flancs et intervalles, et menacer les côtés des lignes adverses.

Philippe m'opposait une armée très particulière, jouant la liste de la cité de Syracuse sous le commandement de son stratège, Agathocle, longtemps avant la conquête romaine:

- Un corps de 5 mercenaires gaulois et espagnols, troupes impétueuses de rupture, encadrées par des javeliniers et des frondeurs d'élite. Le tout est commandé par le stratège, Agathocle en personne, stratège de son état.

- Un très gros corps de 8 hoplites de la ville (médiocres), grecs (ordinaires) ou mercenaires (élite), avec 2 javeliniers et des tirailleurs.

- Un corps de cavalerie moyenne avec cavaliers légers, peu impactants mais bien commandés par un général brillant.

Globalement, l'armée ennemie apparaît avec son commandement comme bien plus mobile que la mienne. En sus, il a plus de troupes mobiles et légères pour occuper les mauvais terrains. En revanche, mes légionnaires sont nettement supérieurs à toute l'infanterie ennemie; ils sont plus forts et plus solides que les mercenaires et les hoplites. Je vais donc devoir, comme d'habitude, maximiser l'impact de mes légionnaires pour m'apporter la victoire! Toutefois, ce sera quand même un gros morceau, j'aligne 23 éléments plus mon camp fortifié ce qui fait 24pts de cohésion, tandis que l'ennemi compense sa plus grande fragilité par 28 pts de cohésion. Il est aussi supérieur en commandement, je suis à +3 et lui, à +5 dont un stratège. La partie sera donc fatalement sanglante!

Provoquer la bataille selon mes termes

L'ennemi étant plus mobile que moi, je dois essayer de faire en sorte de ne pas subir le tempo de l'ennemi. Comme on le voit sur cette photo, la ligne adverse est énorme et même si sa cavalerie grecque et mercenaire est de mauvaise qualité, numides et germains de mon côté se battront à un contre trois. Dans le même temps, je déploie deux légions dans le centre, en plaine, pour déborder par le côté la ligne de mercenaires ennemis, qui progresse au milieu des champs. Agathocle est emmerdé, car les champs où ses mercenaires progressent sont trop éloignés de ma ligne de bataille, il ne pourra donc y rester à couvert et devra venir me chercher en plaine, car je suis défenseur. En revanche, à l'extrême gauche du champ de bataille dans ce sens, sur ma droite, se déploie une énorme phalange hoplitique, soutenue par des peltastes et des conscrits de la cité. Je n'ai qu'une légion en face, la Legio XIII commandée par Caius Scylla. J'ai l'impression d'être débordé partout, mais je sais aussi que je suis plus solide. J'avance mes lignes et les fait glisser en escaliers sur ma droite, tout en allant titiller ses tirailleurs avec les miens pour préparer le gros des combats. 

Les deux lignes se rapprochent et déjà, sa cavalerie me déborde. Je ne peux pas dire que ça me rassure, d'autant qu'il est nettement plus nombreux à défaut d'être de meilleure qualité. Je choisis donc d'aller le titiller un peu avec ma cavalerie, tout en détachant une unité de légionnaires pour aller sur le côté et servir de point de pivot autour duquel ma cavalerie pourra se réfugier; il n'y a quasiment aucune chance qu'il vienne chercher la confrontation directe avec une ligne d'infanterie lourde, en ordre, en armure et bénéficiant de l'impact, sachant qu'il n'a lui-même aucun bonus offensif. Fort de cette conviction, les duels de tirailleurs s'engagent au centre. Les billes de fronde, flèches et javelots ne tardent pas à voler en tous sens, Au départ, c'est kif-kif, un tirailleurs gaulois de mon côté est désorganisé par les tirs ennemis et de son côté, des tirailleurs espagnols sont aussi touchés. Quelques morts commencent à joncher le champ de bataille, alors que légionnaires et mercenaires se rapprochent les uns des autres. 

Les lignes sont presque au contact. La Legio XIII déborde la ligne de mercenaires ennemis par la droite, de sorte à faire reculer les fragiles javeliniers ennemis pour ensuite prendre de flanc les rangs des mercenaires. Mes légionnaires, sous le commandement de Pompeianus, sont en position pour le combat. Il faut vite profiter de l'avancée ennemie pour l'envelopper. Pendant ce temps, ma cavalerie tient bon contre celle des grecs. Mes cavaliers numides arrivent à abattre plusieurs cavaliers ennemis à coups de javelot, et même à occasionner quelques pertes aux cavaliers grecs qui servent d'escorte au général brillant commandant ce corps. Pour le moment en tout cas, je parviens à temporiser sa cavalerie, je déborde doucement son centre tout en m'apprêtant à subir le choc des hoplites grecs, qui se préparent à essayer d'agresser le flanc droit des romains. Au centre, c'est une micro-bataille dans la bataille qui a lieu; les tirailleurs crétois, germains et gaulois de mes Legio V et XIII occasionnent quelques pertes aux syracusains et leurs mercenaires; je perds une unité de tirailleurs et l'ennemi une autre. Les armées sont presque au contact...

C'est le choc. Les légionnaires voient mercenaires et hoplites se rapprocher de leurs lignes. Les centurions hurlent leurs ordres. D'un cri des généraux Titus Nervus et Caius Scylla, les boucliers forment un mur impénétrable. Les centurions beuglent leurs instructions et les pilums sont préparés à être lancés. Les trompes sonnent le moment du tir, et d'un formidable élan ponctué de cris d'effort et de fureur, les légionnaires envoient leurs pilum dans les rangs ennemis. Les tirs sont hasardeux, certaines unités de mercenaires gaulois et d'hoplites subissent quelques pertes; les pilum romains ont cueilli au visage, à la poitrine ou au bras quantité de soldats, mais pire encore, se sont fichés dans de nombreux boucliers, les rendant inutilisables par leur porteur. D'une seule voix, les romains tirent leur glaive et opposent leur bouclier à la marée humaine qui leur rentre dedans. Le choc est mitigé entre hoplites et romains. Boucliers contre boucliers, deux unités romaines sont désorganisées dans la Legio VIII tandis que ces soldats tiennent bon et désorganisent à leur tour deux unités d'hoplites. J'espérais mieux de leur part, car ils sont plus impactants et mieux protégés. Cela dit, le drame est évité; l'unité de légionnaires débordée n'a pas rompu et s'est même payé le luxe d'ouvrir les rangs grecs à coups de glaives. Des soldats des deux camps, blessés à coups de lances grecques ou de glaives, sont évacués sur les lignes arrières. Mon flanc droit tient, avec la présence de cavaliers gaulois auxiliaires qui tiennent en respect les peltastes grecs, qui les désorganise d'une volée de javelots. Un terrible duel oppose l'unité de légionnaires où se bat le général Scylla, contre le général Syracusain avec ses hoplites mercenaires d'élite. Aucun des deux camps ne parvient à prendre l'avantage sur l'autre car les soldats professionnels des deux camps arrivent à préserver la cohésion de leurs rangs. 

En revanche, c'est la Legio V qui brille. Recevant la charge des mercenaires Scutarii ibériques et des gaulois tapageurs et braillards, les pilum ont prélevé un lourd tribut sur les rangs ennemis, déjà entamé par les tirs précis des auxiliaires crétois. Les légionnaires ne rompent pas; le mur de boucliers tient bon et les barbares s'échinent sur les boucliers et les casques, cognant à coups de plommée dans l'espoir de les faire céder. Au coup de sifflet des centurions, les légionnaires ouvrent leurs défenses et lardent leurs ennemis de coups de glaive, en poignardant un grand nombre de chevelus mal protégés qui sont ensuite impitoyablement massacrés à même le sol. Des unités mercenaires, déjà amoindries, sont littéralement massacrées. D'autres sont largement désorganisées et les survivants peinent à retenir la poussée des légionnaires. Le stratège Agathocle voit sa ligne pulvérisée par l'avance romaine, flanquée en plus par l'avancée de la Legio VIII sur le flanc, qui a repoussé la cavalerie grecque. 

A ce stade, la confiance passe dans le camp romain et l'ordre d'attaque générale est donné aux trois légions; maintenant que le corps central ennemi a subi de lourdes pertes, il faut le détruire et se rabattre sur les flancs de l'ennemi! Je mène, avec seulement 5 pertes (un tirailleur détruit, trois légionnaires désorganisés) contre 16 en face. Il faut en finir maintenant que l'ascendant est pris!

C'est le second tournant de la bataille. Sur le flanc droit, la Legio XIII ne s'en sort pas. Les cavaliers gaulois ne parviennent pas à retenir les peltastes grecs; de nombreux cavaliers sont désarçonnés par les tirs ennemis et les blessés sont prestemeent massacrés. Malgré une bonne réussite de départ, en tout cas une forte solidité de la ligne, les hoplites parviennent à destabiliser mes légionnaires. Beaucoup d'hommes sont épuisés, et lorsque les boucliers sont moins bien tenus les lances ennemis prélèvent un lourd tribut. Toutefois, je continue avec ma Legio V à me rabattre sur le flanc de la phalange. Deux unités d'hoplites sont prestement massacrées; comprimées entre le mur qui leur fait face, les soldats sur leurs arrières et la poussée sur mon flanc. Les légionnaires se montrent alors sans pitié, avec une énorme quantité de tués chez l'ennemi; les glaives massacrent les grecs, les syracusains et les mercenaires ennemis qui ne sont protégés que par des armures de cuir, de lin ou de bronze. Les pertes s'accumulent... Alors, mes cohortes éliminent et mettent en déroute tous les hoplites du flanc ennemi, jusqu'à percuter la Garde Mercenaire de Syracuse, l'unité d'élite qui encadre le général 

Au centre, la Legio VIII échoue deux attaques visant à dégager les manoeuvres ennemies; un peltaste, pourtant bloqué par mes troupes, arrivera à désorganiser à coups de javelots les légionnaires épuisés qui les attaquent, se permettant l'exploit pour des troupes aussi légères, de tenir la dragée haute à mon infanterie lourde. Pis, les cavaliers grecs ayant tué Pompeianus arrivent à encercler et éliminer sa cohorte! Les survivants légionnaires, pourtant mieux armés, équipés et entraînés, sont impitoyablement chassés dans la plaine et l'unité est anéantie. A nouveau bloqués, ces cavaliers subissent la contre-attaque romaine du détachement de cavalerie auxiliaire de la Legio V venue en renforts. Ma cavalerie arrive à prendre de dos l'ennemi... Qui ne panique pas! Ses rangs sont traversés, mais les héroïques cavaliers grecs se reforment, se retournent et ne cèdent pas à la panique, infligeant de lourdes pertes aux cavaliers lourds romains avant de les mettre en déroute! Incroyable, cette mauvaise unité de cavalerie grecque a supprimé une cavalerie lourde romaine et un fantassin lourd (armure, impact, élite, bonus général) coup sur coup, sans prendre de pertes de cohésion! Mes cavaliers sont battus ou repoussés et ce troisième échec successif accentue la pression sur mon flanc droit, qui doit vite être dégagé... J'ai encore l'avantage de prendre l'ennemi de flanc !

EPILOGUE

 

 

Le plan a bien fonctionné, malgré la défaite. J'ai su temporiser face à la cavalerie grecque jusqu'à la toute fin de la bataille. J'ai tenu le choc, et détruit les troupes reçues de face. J'ai même largement mené au score jusqu'aux deux derniers tours, où l'ennemi a accusé jusqu'à trois fois plus de pertes et me voyait me rabattre sur ses flancs pour achever son armée. J'ai toutefois rencontré une série d'incidents fâcheux, voire dramatiques, qui ont totalement bouleversé la situation:

- son général hoplite a tenu bon, même pris de flanc et même désorganisé et proche de la déroute totale. Il a tenu jusqu'au bout, en tuant mon général!

- la contre-performance de mes propres légionnaires sur ce flanc, qui n'ont pas su gérer seuls des hoplites moins forts et moins protégés, avec aussi la perte rapide du cavalier lourd face aux peltastes grecs.

- l'hallucinante réussite du cavalier grecque qui a lui tout seul détruit deux de mes unités, dont un général compétent inclus dans une unité de légionnaires élite, et un cavalier lourd qui l'a pris de dos!

- impossible de détruire un peltaste en terrain clair avec un légionnaire, visiblement trop fatigué pour se battre!

La victoire promise au second tour des combats, m'a ensuite totalement échappé. Je m'en suis pas si mal sorti, mais c'est une déconvenue, car j'avais une forte avance, des troupes fraîches et bien placées pour consommer la déroute de l'ennemi! Bravo à Philippe, qui n'a rien lâché alors que la situation apparaissait comme sans espoir; de lourdes pertes reçues et peu de perspectives de faire autre chose que subir les assauts de flanc de mes meilleures troupes. Il n'a rien lâché et a su parfaitement profiter des cruels revers de fortune qu'ont subi d'abord mes généraux, ensuite mes autres troupes. Il n'a rien lâché, et il a fini par gagner.

Excellente leçon de jeu, comme quoi, rien n'est jamais perdu; mieux vaut se battre que râler et maudire les dieux !

Je commence à aller à la chasse aux points. La Legio XIII de Pompeianus a flanqué les troupes d'Agathocle et a contribué à leur destruction. Je me retrouve à manoeuvrer relativement habilement pour une fois, tandis que l'ennemi, à court d'options, tente de se ménager des ouvertures et de faire peser des menaces sur mon centre victorieux. Un cavalier grec s'insinue dans mes rangs et la Legio VIII réagit promptement en s'interposant; une unité de légionnaires bloque la retraite du cavalier tandis que Pompeianus en personne attaque droit devant. C'est un duel inégal; les cavaliers grecs n'ont pas d'armure et ne sont pas des troupes de choc; ils combattent en sus en ordre relâché. Les légionnaires sont des fantassins lourds en rangs serrés, avec le bonus de leur général à leurs côtés et protégés par leur armure. C'est pourtant l'impensable qui se produit. Les romains avancent en hurlant leurs cris de guerre et leurs injures, mais les grecs ne se laissent pas démonter et contre-attaquent. Il y a un moment de flottement dans les premiers rangs, alors qu'on annonce que Pompeianus est tombé! Au premier rang de ses hommes, le général romain, a pris une lance en pleine gorge! Les légionnaires, peu habitués à avoir ainsi le dessous, se laissent désorganiser et des hommes refluent, poursuivis par les grecs qui abattent les soldats isolés en les encerclant et en abattant sur eux leur épée ou les perçant de leurs lances.

Bon, on est encore à 10 / 16, j'ai encore une bonne avance et ma Legio V, au centre, se rabat sur le flanc des hoplites, y provoquant le chaos. La victoire me tend les bras!

Mon centre ne parvient plus à remettre la main sur de nouvelles cibles, tandis qu'droite ma ligne remonte la sienne. Finalement, après tous ces revers, ma dernière chance est de pouvoir enfin abattre le général ennemi, encerclé... Mais je n'y arrive pas. Malgré le fait que ses hoplites mercenaires meurent autour de lui, que son unité est presque anéantie, le général syracusain continue de tenir fermement sa position. Le général romain Scylla s'approche, abat plusieurs grecs et cherche le duel avec le général ennemi pour en finir, même pris de flanc, impossible de le pousser à la déroute ou à la reddition! Cherchant à sauver sa légion malmenée, Scylla accomplit un acte de Devotio; il se sacrifie au milieu d'un petit groupe de légionnaires vétérans pour percer les lignes grecques et abattre le général ennemi. Plusieurs hoplites s'effondrent, éventrés ou transpercés par les glaives des vétérans... Mais le général ennemi tient sa position. Il se débarasse d'un légionnaire, puis d'un deuxième. Sa lance se brise, mais l'homme en enfonce le tronçon de la pointe en pleine gorge de Scylla, parant son coup de glaive. Le général romain meurt. Sa légion se désagrège. Les grecs, pourtant massacrés, reprennent confiance, et poussent la Legio VIII, malmenée, à la retraite. 

C'est une défaite, 21 à 24.

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