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Blitzkrieg - Opération Red Bear

Partie 1/2

 

Ecrit par Thibault

Tournoi de Moncheaux - Juin 2015

 

  • Concept.

 

La règle Blitzkrieg est assez ancienne en France mais n'a jamais connu la notoriété de sa cousine anglo-saxonne Flames of War; elle est plutôt pratiquéeentre amis au sein de pas mal de clubs. Pourtant, le club des Grognards d'Alsace avait commencé à organiser tournois et campagnes ouverts aux joueurs d'autres horizons il y a quelques années et malgré leur arrêt, le Nord a repris le flambeau. J'organise depuis trois ans une campagne Blitzkrieg à thème; tous les participants ont le choix entre deux équipes (le plus souvent, l'Axe ou les Alliés mais pas cette année...) où chaque équipe désigne un "Général en Chef".

 

Ce général coordonne les efforts des différents partenaires de jeu en décidant des mouvements par exemple, ou de l'attribution de bonus à ses coéquipiers. Quatre phases de jeu découpent le samedi et le dimanche en deux rondes chacune appelées "phases", durant lesquelles chaque équipe prévoit ses mouvements et résoud les combats en parties standards. 

 

Ce concept marche plutôt bien car il allie deux postures; campagne avec un jeu stratégique en équipe où les résultats de chacun influent sur la victoire ou la défaite de son camp, ainsi que tournoi dans le sens où nous comptons les points de victoire engrangés à chaque bataille. La formule fonctionne assez bien et le club de la Porte Epique d'Aniche organise depuis l'an passé un événement analogue au tournoi du club, fin octobre. 

 

Pour cette édition du Troisième Tournoi Blitzkrieg du club des Nerviens, nous avons réuni 18 joueurs du Nord de la France, de Belgique, de la Région Parisienne ou de Normandie.

 

  • Contexte de jeu de cette troisième édition

 

Novembre 1943.

Les forces de l'Axe piétinent sur le front de l'Est. Les puissances alliées se réunissent pour la conférence de Téhéran, pour coordonner l'effort final contre le IIIe Reich. Malheureusement, aucun des gouvernements présents n'arrive à s'accorder avec les autres sur l'objectif final de la guerre. Les Soviétiques entendent réclamer la mainmise sur les territoires d'Europe de l'Est, en contrepartie des immenses sacrifices consentis par leur peuple depuis 1941. Les Américains souhaitent la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, mais Churchill, envisageant déjà la moitié de l'Europe devenir communiste, décide Roosevelt à chercher une troisième voie, plus économe du sang allié et permettant d'en finir avec Hitler, mais aussi avec la dictature du Soviet.

 

Chaque camp entame des préparatifs pour finir la guerre au plus vite.  

 

Juin 1944.

Les forces alliées entrent dans Rome, fondant un gouvernement provisoire et républicain dans le sud de l'Italie. Le débarquement en Normandie lance des divisions alliées par dizaines sur le sol français ; les soviétiques brisent le front de l'est avec l'opération Bagration. Désormais, c'est la course vers Berlin qui s'engage.  

 

Juillet 1944.

Financés, coordonnés par les alliés, les officiers de la Wehrmacht lancent l'opération Walkyrie. Hitler est éliminé, avec les principaux chefs nazis. Le coup d'état installe à la tête du Reich un collectif de hauts gradés et d'industriels, parmi lesquels Von Rundstedt, Dönitz et Speer. Alors que les combats à l'ouest comme à l'est se poursuivent, ce gouvernement provisoire allemand envoie Skorzeny en Italie à la tête d'un commando de Fallschirmjaeger pour assassiner Mussolini en geste de bonne volonté. Dans le même temps, des émissaires sont envoyés à Londres discuter d'une paix séparée avec les Alliés.

 

Août 1944.

Staline a vent des discussions entre alliés et allemands, dont ses propres plénipotentiaires sont exclus. Il n'en faut pas plus pour que le dirigeant soviétique éreinte ses forces dans un dernier effort pour s'arroger le plus de territoires à l'ouest, destinés à faire tampon entre l'URSS et les occidentaux. Le vieux renard géorgien sent déjà qu'il va être trahi, mais son attitude belliqueuse inquiète plus encore les chancelleries européennes.

 

Septembre 1944.

Les soviétiques prennent Helsinki, et mettent en place un gouvernement fantoche en Finlande. La Roumanie et la Pologne subissent le même sort. Seule la Hongrie, aidée des allemands, résiste pour un temps. Les chars russes s'approchent déjà de l'Oder, ce qui fait souffler un vent de panique sur les négociations à Londres. Les Français y sont les plus virulents, réclamant la rétrocession de tout ce qui fut perdu en 1940 et plus encore, et font échouer plusieurs accords. Ils libèrent eux mêmes Paris et Marseille pour se donner du poids dans les négociations. Les affrontements continuent et les négociations échouent, principalement du fait que les allemands refusent de livrer dès l'annonce d'un cessez le feu, les principaux responsables du parti nazi et de la SS, tandis que le rapatriement des déportés pose également problème.  

 

Décembre 1944.

Pour forcer les alliés à accepter leurs conditions, les allemands tentent un coup de poker à l'ouest. Ils lancent leurs dernières forces vers Anvers, et coupent en deux les forces britanniques des franco-américains. Roosevelt, déjà fort affaibli par la maladie, meurt après l'annonce de la prise de Prague par les russes. Truman est alors discrédité par un large scandale de corruption, sa réputation irrémédiablement ternie, et démissionne dans la foulée. La crise militaire des alliés en Europe s'aggrave d'une crise politique.

 

Janvier-Février 1945.

Le Général Mc Arthur, auréolé de gloire, se présente à la Maison Blanche lors d'élections anticipées avec Joseph Kennedy, proche du mouvement America First, ultra libéral et farouchement anti-communiste. Il est élu à une écrasante majorité. Fin janvier, alors que les russes sont dans les faubourgs de Berlin, Mc Arthur pousse Churchill et De Gaulle à renégocier un cessez le feu, et plus encore, un retournement d'alliance. Les dirigeants allemands, au pied du mur, sont forcés d'accepter. Le compromis adopté à Copenhague stipule que :

  • Les dirigeants nazis emprisonnés en Allemagne, seront jugés à Paris tout comme les responsables de massacres, dans la SS notamment. La plupart seront fusillés ou pendus à la fin du mois de mars.

  • Le gouvernement provisoire allemand se dotera d'une constitution républicaine dès que possible, après rétrocession des pays occupés à leurs frontières de 1918.

  • Les unités SS sont dissoutes, leurs cadres renforçant les unités de la Heer engagées sur le Front de l'Est.   

 

Mars 1945.

L'Armée Rouge arrive près de Berlin, la Hongrie tombe. Les russes se se sont brisés les reins pour parvenir si vite à proximité de leur objectif, mais stoppent subitement leur offensive. Le reste de leurs troupes, renforcées d'une armée de volontaires polonais, des armées finlandaises, hongroises et roumaines, se massent et se préparent pour le coup de faucille en Saxe. Fin mars, les russes approchent timidement de Berlin. Staline ruse. Il se prépare à bien pire que les débris de l'armée allemande, mais essaie par tous les moyens de fixer les teutons devant Berlin...  

 

Avril 1945.

Faisant jouer un accord secret conclu en même temps que le cessez le feu de Copenhague, les alliés lancent une attaque surprise sur les lignes russes. Les unités affaiblies de l'armée allemande qui leur faisaient face en Saxe et en Moravie sont dès lors remplacées par des unités fraîches et réorganisées des autres pays occidentaux, rééquipées et renforcées pendant les trois derniers mois autour du Rhin, avec à leur tête un nouveau général en chef ; le Général Patton. L'opération « Red Bear » est lancée le 15 avril ;

  • Un corps expéditionnaire de Marines américains et de troupes britanniques est chargé, couplé à un corps aéroporté allié, de libérer la Poméranie pour encercler les troupes soviétiques attaquant Berlin. Ils feront face aux troupes soviétiques gardées en réserve ainsi qu'à un corps expéditionnaire finlandais.

  • L'armée allemande contre-attaquera depuis la Saxe, appuyée par les britanniques et les américains. L'objectif est de rejoindre les troupes débarquées et aéroportées pour provoquer l'encerclement de l'ennemi en Prusse. Pour y faire face, des unités russes renforcées de l'armée de libération polonaise.

  • Une offensive de diversion sera lancée en direction de Prague et de Budapest ; les armées françaises et américaines attaqueront les troupes russes, hongroises et roumaines.

Il va sans dire que les soviétiques, surpris par la trahison de leurs anciens alliés, réagiront avec détermination et courage à cette agression injustifiée de l'appareil capitaliste au communisme triomphant et libérateur des peuples ! L'heure de la libération pour les peuples d'Occident a sonné !

Phase Un : Tuer l'Ours

Le plan des officiers alliés est simple; abandonner Berlin dans un premier temps et forcer la route de Prague et celle de Vienne pour écraser les forces russes affaiblies par des mois d'offensives en direction de l'ouest. Pour réussir leur pari, les alliés disposent de troupes particulièrement bien équipées; les forces allemandes, bien qu'exsangues, ont été réorganisées et peuvent compter sur les derniers matériels; chasseurs de chars lourds ou chars moyens Panther. Les américains ont la part belle des moyens et matériels alloués à l'offensive; marines, parachutistes aguerris, forces blindées pourvues des dernières versions de chars Sherman... En sus, une artillerie nombreuse et bien approvisionnée couplée à quantité d'avions d'appuis au sol, peuvent aider à obtenir une victoire rapide. 

 

Les russes commencent bousculés; ils se concentraient auparavant sur la prise de Berlin. Heureusement, leurs forces d'Autriche et de Tchécoslovaquie ont encore du punch; quantité d'unités alignent de redoutables chars lourds IS-2 ou canons d'assaut. Leur infanterie est également de meilleure qualité; il ne faut pas oublier que le soldat russe combat sans relâche depuis des années. 

Les américains ont relevé les forces allemandes qui défendaient les faubourgs de Berlin. La tâche est ardue car le combattant américain est moins rompu que les russes au combat urbain; leurs unités d'infanterie sont opposés à des troupes d'assaut équipées en grenades et pistolets-mitrailleurs tandis que les chars lourds IS-2 russes dominent les chars américains. Sur cette photo, un Sherman M4A3 est incendié par un tir de char soviétique, tandis que des fantassins américains se camouflent dans les ruines à gauche pour faire le coup de feu contre des troupes de la garde. Berlin ne tombera pas sous l'assaut, car les fantassins américains auront réussi à bien s'accrocher au terrain. 

Au centre des offensives alliées, des américains (à gauche) s'infiltrent dans des bois au plus près d'un village tenu par des fantassins soviétiques. Le soldat russe est tenace, et s'il subit des pertes, parvient à empêcher les américains à s'approcher de trop près. De guerre lasse, sur certaines tables d'attaque, les américains chargeront même baïonnette au canon à travers des écrans de fumigènes mais sans succès; le soldat russe ne craque pas lors de ce premier tour. On signalera sur plusieurs tables de jeu l'utilisation de bonus "Héros de l'Union Soviétique"... Quand des officiers russes, abattus par la mitraille ou des snipers seront remplacés par de solides sergents qui, Ppsh en main, lanceront de furieuses contre-attaque sur l'ennemi capitaliste!

La supériorité matérielle des alliés est écrasante ce premier tour. Sur cette table et sur plusieurs autres, l'artillerie provoque de terribles barrages roulants qui matraquent les positions des soviétiques et leurs alliés, tandis que l'aviation fait des ravages. Ici, deux P-47 Thunderbolt américains survolent une zone où une division blindée alliée piétinait car sur ses axes d'attaque se trouvaient des chars lourds... Aussitôt détruits à la roquette! Ces épaves fumantes laissent libre passage aux blindés américains, qui pénètrent dans les faubourgs de Vienne mais sans pouvoir pousser plus loin! Les soldats russes ainsi bombardés regardent le ciel et prient l'état-major de leur faire parvenir quelques Katyusha et autres Iliouchines, mais sans succès au début de l'offensive ennemie. La Stavka est elle-prise au dépourvu ou Staline et ses maréchaux gardent-ils leurs atouts en réserve?

A plusieurs endroits, les joueurs soviétiques envoient des forces mobiles pour empêcher la percée alliée. L'infanterie se bat le plus souvent dans les petits villages, becs et ongles, contre la pression des soldats américains, britanniques, français ou allemands. Ils ne lâchent rien, quitte à mourir sur place. Les blindés sont soumis à rude épreuve; ces deux chars moyens d'une unité blindée T-34/85 tiennent solidement les hauteurs surplombant une petite ville de Prusse, mais seront détruits tous deux quelques instants plus tard par un assaut de troupes mécanisées américaines; infanterie portée dans des halftracks, le tout soutenu par des chars Sherman. 

Pause du Samedi Midi

Après les rafales de mitrailleuse, le tonnerre de l'artillerie et le grondement des chars, un peu de réconfort! Chez les Nerviens cette année, on a fait le choix de tout faire maison grâce à certains de nos membres bénévoles, de nos compagnes ou membres de nos familles. Je remercie particulièrement Anthony du club, ma mère Josette, ma soeur Julie et ma compagne Krystel, mais aussi toutes nos autres paires de bras, car sans eux, ce tournoi ne serait pas le même! Au menu des midis, sandwichs à pas mal de sortes différentes, avec garniture ou sans, desserts maisons, tout au long de la journée bières belges et du nord (8 sortes différentes) pour nous rafraîchir par une chaleur de bête... 

Phase Deux : Affronter l'Orage

Au premier tour, les russes ont plutôt bien tenu. Les forces américaines ont cependant, du nord au sud; pris la Poméranie au nord de l'Allemagne, dégageant Berlin par le nord. La capitale elle-même est défendue et les soviétiques s'y cassent les deux. Autrement, une contre-attaque de l'Armée Rouge a percé en Saxe, au sud de Berlin; on voit sur la photo une armée rouge avançant vers l'ouest tandis que des corps d'armées russes restent aux prises avec les britanniques et les américains en Bavière et en Autriche. Les russes tentent d'utiliser leur succès en saxe pour foncer sur hambourg, au nord-ouest, tandis que les alliés tentent de rattraper le retard pris dans leurs offensives le premier tour!

L'offensive est lancée tous azimuts par les russes qui, petit à petit, obtiennent renforts et ravitaillement. Le matériel arrive en masse et permet de lancer des offensives, alors que les débarquements de marines sur les côtes baltes tout autant que les parachutages alliés ont échoué. Ici, nous voyons l'armée roumaine, récemment "soviétisée" (tenant autrefois dans le camp allemand...), lancer une attaque de flanc de positions americano-allemandes. Les roumains entretiennent encore des forces de cavalerie, qui ici escorteront les blindés roumains (en fait, du matériel allemand) et des chars russes. Ces cavaliers ne termineront pas la bataille en un seul morceau; la plupart seront hachés par des mitrailleuses américaines, notamment une placée dans le château d'eau à l'arrière-plan.

Les alliés, s'ils ont raté le coche de leur grande offensive surprise, ont cependant encore de très larges ressources en hommes comme en matériel à faire jouer. Ici, une large contre-attaque en Saxe est lancée par deux unités blindées soutenues par de l'infanterie US. Les chars Sherman de dernière génération sont ici sous le feu de l'artillerie russe, qui clairsèment déjà les rangs des boys. Cette attaque massive, largement soutenue, n'obtiendra pourtant pas les effets escomptés car les pertes soviétiques resteront légères autant en hommes qu'en blindés. Et pire, le terrain reste aux mains des soviets.

Forts de leur résistance lors de la déclaration de guerre des capitalistes, les soviétiques tentent à nouveau d'en finir une bonne fois pour toutes avec Berlin, qui tient depuis près d'un mois. La ville n'est plus qu'un immense champ de ruines et on s'y bat à très courte portée, décourageant les chars. Grenades, baîonnettes et rafales automatiques ensanglantent la ville. Pourtant, contrairement à d'autres portions du front, les russes ont du mal à progresser. Ces sections russes ont subi quelques pertes et sont démoralisées; s'abritant dans des ruines pour se regrouper avant une éventuelle attaque.

Autre point de vue de Berlin, les positions américaines. Les russes photographiés sur l'image précédente se trouvent dans les deux bâtiments en ruine au second plan. La présence de gabarits sur les unités américaines illustre le déluge de feu et d'acier que subissent les fantassins US; leurs tirs de Garand sont masqués par le tonnerre d'obus de mortiers, d'obusiers ou pire, des roquettes de Katyusha, qui s'abattent sur eux. Néanmoins, les américains tiennent résolument leurs positions et les soviétiques ne prennent toujours pas le Reichtag.

Grande Bouffe du Samedi Soir

Autre tradition du tournoi des Nerviens, la bouffe! Le samedi soir, gros gueuleton organisé par le club et encor eune fois, géré par nos membres et bénévoles. A l'apéritif, recettes spéciales normandes en honneur de nos joueurs de ce coin-là; les embuscades! Cocktails à base de bières, de liqueurs diverses... Servis bien frais! Un régal, même s'il y a eu quelques tués ah ah ah! En entrée, tartes aux poireaux d'une association locale, faites maisons, et en plat... Une tarch'chtiflette au maroilles, oui, malgré la chaleur! Je vous raconte pas la quantité de fromage qu'il a fallu, de salade, d'oignons, de patates, de lardons ou de poulet... Ensuite, glace au speculoos (elle aussi maison) et pour accompagner le tout, vins et bières! Enfin, grand moment de rigolade avec les copains du club et d'ailleurs.. Que du bonheur!

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